Autour, pour, par et avec Boris Vian

Exposition Boris Vian… Une vie à fond

 

Boris Vian et  Topaz © Cohérie Boris Vian

Les Vies parallèles de Boris Vian

L’idée de cette exposition en hommage à Boris Vian, organisée dans le cadre des Baladines de Penne, est en partie liée au fait que son biographe et complice Noël Arnaud vécut et passa les dix dernières années de sa vie à Penne. Auteur des Vies parallèles de Boris Vian,  cet ouvrage constitue une introduction remarquable pour aborder cet artiste touche à tout à l’insatiable curiosité.

Ingénieur de formation, Vian occupa pendant des années un poste administratif dans un organisme qui lui ressemblait si peu : l’AFNOR ( Association française de normalisation ) qui avait toutefois l’avantage de lui laisser un temps précieux pour se livrer à toutes ses passions et en particulier l’invention de « machines imaginaires véritables » au nombre desquelles figure le fameux Pianocktail, instrument destiné à faire des boissons, tout en se laissant porter par la musique.

Musicien , il côtoya dans son enfance le grand violoniste Yehudi Menuhin mais choisit la trompette pour animer les nuits de Saint-Germain des Près et ses zazous, bien avant qu’ils ne cèdent leur place aux bobos germanopratins. Dans les caves et au fameux Tabou, il se lia d’amitié avec Miles Davis, Duke Ellington, Claude Luter, Louis Armstrong et bien d’autres qui partageaient son goût pour le jazz, le swing et la fête.

Auteur-compositeur, il écrivit des chansons pour Juliette Gréco, Mouloudji, Henri Salvador ou Serge Reggiani avant de se décider à les interpréter lui-même de sa voix si particulière, légèrement nasillarde, en parfait accord avec ses textes décalés, faits d’absurde et de provocation mais aussi d’engagement pacifiste, comme Le déserteur ou La bombe atomique.

Poète, il partageait avec son ami Jacques Prévert le goût des accumulations, des inventaires et des mots valises comme dans sa fameuse chanson Complainte du Progrès , véritable critique de notre société de consommation,où il fait rimer frigidaire, scoutaire, atomixere, cuisinière…cire godasse, repasse limace, et autres tabourets à glace…

Ecrivain, son œuvre littéraire, peu reconnue de son vivant, est saluée à partir des années 1970 et figure souvent au programme des collèges et des lycées. L’Écume des jours en particulier, avec ses jeux de langage et ses personnages à clef, est passée à la postérité. Une histoire d’amour fou avec des maladies en forme de nénuphar et des pièces qui rétrécissent dignes de l’univers de Lewis Carroll. Mais derrière le conte rôde la mort, comme celle qui rôde autour de Boris lui-même, tenaillé par une maladie du cœur et dont l’univers au fil des années n’a cessé de se rétrécir jusqu’à sa mort prématurée à 39 ans.

Amateur de pseudos et de jeux de rôle, on le connut sous le nom de Bison Ravi ou Brisavion (anagramme de Boris Vian) mais aussi de Vernon Sullivan faux auteur américain du roman noir J’irai cracher sur vos tombes qu’il assurait n’avoir fait que traduire et dont la violence et la pornographie firent scandale et lui valurent procès, interdictions et beaucoup d’ennuis.

Intellectuel existentialiste, il participa à l’aventure de la revue Les Temps modernes fondée par Jean Paul Sartre, qu’avec l’irrespect qui le caractérisait avait rebaptisé Jean Saul Partre flanqué de sa Duchesse de Bovouard .

Admirateur d’Alfred Jarry et ami de Raymond Queneau il se passionna pour la Pataphysique, cette science des solutions imaginaires à toutes les questions existentielles, au point d’être élevé au grade de « Satrape et Promoteur Insigne de l’ordre de la grande Gidouille »

Peintre, ses œuvres néo-cubiques, représentent d’étranges personnages glissant le long de damiers qui se dérobent dans le vide, mais aussi beaucoup d’autoportraits où il s’envisage avec un sens aigu de l’autodérision.

Il fût aussi scénariste, traducteur, auteur de théâtre, metteur en scène, acteur, critique de jazz, directeur artistique et même père de famille…

Grand séducteur et amoureux de l’amour, il eut deux femmes (et quelques…), Michelle Léglise puis Ursula Vian Kübler, qui eurent l’intelligence de s’entendre pour fonder à sa mort une Cohérie afin de défendre et promouvoir son œuvre.

Alors comment rendre hommage en images à cette vie courte aux multiples parallèles, si ce n’est en plongeant perpendiculairement dans l’écume de ses jours.

Des photographies tirées de l’album de famille où il est toujours fascinant de chercher derrière les attitudes et les expressions ce que l’enfant est destiné à devenir. L’adolescent qui se cherche encore ici et ailleurs, puis l’adulte à la fois sérieux et distant, ironique et séducteur et qui pose sur le mode « J ’suis snob terriblement snob, c’est le seul défaut que j’gobe , encore plus snob que tout à l’heure…et quand j’serai mort j’veux qu’on m’enterre dans un suaire de chez Dior ».Photographies de groupe avec ses amis musiciens, photographies de couple où il se joue de l’amour et du hasard, photographies prises sur le vif ou mises en scène. Autoportraits aussi, où Vian face au miroir semble s’interroger et se perdre dans le tain de son reflet.

Et enfin parmi ces images, pour la plupart anonymes, cette étonnante photographie de Jean Dieuzaide prise lors d’un concert à Toulouse, sorte de « portrait en pied » comme l’aurait légendé sans doute Boris Vian où le « fautographe » le représente chaussures au premier plan et le visage s’époumonant derrière son instrument trompe la mort, trompette de sa renommée à s’en arracher le cœur…

Dominique ROUX

Exposition de créations contemporaines de Philippe Penneman

 

Exposition Les Baladeuses du 9 septembre au 12 novembre 2023

L’exposition Les baladeuses révèle un ensemble de nouvelles peintures et sculptures réalisées par Willy Le Nalbaut et Quentin Caillaud.